S’il est un poste qui monte au sein des municipalités israéliennes, c’est bien celui de ‘’ proyektorit ‘’ dédié aux olim de France. À Hadera, c’est Sarah Uzan qui s’illustre dans cette mission des plus sensibles qui consiste à accompagner, orienter et suivre dans leur processus d’intégration les familles françaises.
Arrivée directement de Paris à Hadera avec la alyah de groupe, il y a 5 ans, Sarah Uzan s’est progressivement imposée au poste de » proyektorit « , notamment grâce à sa maîtrise de l’hébreu. « À Hadera, la alyah française est relativement récente, orchestrée par Shalom Wach qui y fait monter les cinq-six premières familles en 2009 » explique Sarah.
« Nous avons fait partie du troisième groupe en 2011 avec 13 familles. Après six mois sur place, je propose rapidement mes services de bénévole au Misrad Haklita (bureau de l’intégration) de Hadera et je commence immédiatement à travailler sur place trois fois par semaine. C’est de cette façon que je collabore étroitement avec le ‘’ proyektor ‘’ déjà en poste à la mairie. En parallèle, je développe le magazine « FUTÉ » ainsi que la radio aux côtés de Charles Benguigui et je crée le groupe Facebook des francophones de Hadera, devenu aujourd’hui un outil de référence des Français pour s’informer sur la ville », poursuit-elle.
En 2014, Hadera a bien failli jeté l’éponge de la alyah avec l’arrivée de Tvsika Gendelman, le nouveau maire affilié ‘Yesh Atid’. « Ancien général de l’armée, très carré, il remet tous les budgets à plat, supprimant le poste de » proyektor « . Sa priorité : faire des économies. Ce n’est que progressivement qu’il redistribue les budgets notamment en direction des olim réalisant que la communauté francophone compte pour la ville », nous confie-t-elle. Sarah est alors recrutée au poste de » proyektorit » sur les recommandations de l’ancien titulaire qui vogue alors vers d’autres projets. Depuis, Hadera a pris ses galons de « ville d’intégration » des Juifs de France, grâce à sa position géographique privilégiée d’une part – en bord de mer, entre Tel-Aviv et Haïfa, – mais surtout grâce à un coût de la vie nettement moindre en comparaison à Jérusalem et aux villes du centre.
« À la rentrée 2015, nous avons accueilli près de 30 familles, un chiffre record ! En mars dernier à Paris, les futurs candidats faisaient la queue à notre stand au salon de la alyah », explique Sarah. « Et phénomène nouveau, la ville accueille désormais des familles d’autres villes d’Israël comme Netanya ou Jérusalem où le coût de la vie se trouve être plus élevé. À Hadera, la différence des prix dans l’immobilier représente également un atout. Mais attention, comme partout en Israël, les prix ne cessent d’augmenter de façon vertigineuse », souligne-t-elle.
Rassemblant près de 1000 âmes, les francophones de Hadera se sont appliqués à recréer les repères communautaires qu’ils affectionnent particulièrement. « Deux centres spirituels francophones ont été montés depuis peu, un Beth ‘Habad et un Beth hamidrash, nommé Chevet A’him, avec à leurs têtes respectives : le rav Meir ‘Hayoun, un shalia’h extraordinaire, et le rav ‘Haïm Dorai, ancien responsable du kollel de Créteil » nous explique-t-elle.
« Je ne compte pas mon temps, des démarches administratives aux inscriptions dans les écoles. Les candidats à la alyah me contactent le plus souvent via Facebook, nous parlons ensuite au téléphone, je les renseigne ou les reçois à l’occasion d’un voyage d’étude pour leur faire découvrir la ville. Selon moi, les olim d’aujourd’hui exigent plus d’accompagnement. Mon travail consiste à les préparer depuis la France, en leur faisant prendre conscience qu’Israël est un autre monde où il faut en découdre », précise Sarah.
« Il nous reste encore beaucoup à faire à Hadera. Nous apprenons énormément des autres villes, tel l’encadrement des adolescents, notre urgence, mais également l’accueil des personnes âgées alors que la ville, qui ne dispose pas de structures francophones comme Netanya par exemple, les attire énormément. J’espère que nous pourrons recruter un « moré mégasher » (enseignant médiateur) dès la rentrée prochaine.. De nouvelles villes doivent s’ouvrir à l’arrivée des francophones, il faut créer d’autres pôles d’attraction. Chaque candidat à la alyah doit garder à l’esprit que nous disposons d’un pays où il est possible de s’installer et de vivre, du nord au sud, d’est en ouest. Ici, le choix ne se limite pas seulement à Paris 19e, à Villeurbanne ou à Marseille », conclut-elle.